Soutenance Gaëtan Chevreau

Publié le 24 novembre 2023 Mis à jour le 1 décembre 2023

Soutenance de Gaëtan Chevreau

Date(s)

le 7 décembre 2023

13h30
Lieu(x)
Université Paris 8, Bâtiment B, salle D002
Soutenance de Gaëtan Chevreau

Jury :
  • Tarek Bellaj, Professeur associé, Université de Tunis ; 
  • Stéphane Rullac, Professeur des Universités, Haute école de travail social et de la santé Lausanne ;
  • Eric Durand-Billaud, PhD, Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) ;
  • Antoinette Prouteau, Professeure des Universités, Université de Bordeaux ;
  • Aurélie Tinland, PhD, Aix-Marseille Université ;
  • Claire Vallat-Azouvi, Professeure des Universités, Université Paris 8 - Vincennes Saint-Denis ;
  • Claire Jourdan, membre invitée, PhD, CHU de Montpellier. 


Résumé :
Être Sans Domicile Fixe (SDF) est associé à de multiples facteurs sociaux et de santé. Depuis quelques années, la littérature scientifique objective de fortes prévalences de troubles cognitifs chez la population SDF. Ces troubles sont liés à de nombreux facteurs de risque tels que les antécédents de traumatismes craniocérébraux (TCC) ou les troubles psychiatriques et addictologiques. La grande majorité des recherches ont été réalisées en Amérique du Nord et à notre connaissance, aucune étude n’avait été menée en France sur ce sujet.
Dans ce contexte, nous avons conduit deux études portant sur le fonctionnement neuropsychologique des personnes SDF. La première (n = 14) a permis d’identifier des leviers méthodologiques et les facteurs de risque les plus pertinents à explorer. En nous basant sur ces résultats, nous avons mené une étude expérimentale dans quatre services franciliens. Nous y avons rencontré 51 individus SDF qui ont complété des questionnaires et un bilan cognitif. Les résultats montraient des taux élevés d’immigration et d’illettrisme ainsi que de troubles addictologiques et psychiatriques. Près de la moitié des participants relataient également des antécédents neurologiques, et près d’un tiers des TCC. Globalement, l’échantillon obtenait des scores cognitifs en-dessous de ceux des données normatives des tests. Une analyse en cluster a montré que le groupe d’individus avec les meilleures performances cognitives était celui qui consommait le plus de drogues et était composé d’autochtones. Un deuxième groupe, aux performances cognitives intermédiaires, rassemblait des individus immigrés en bonne santé. Le dernier groupe était celui avec des performances cognitives particulièrement déficitaires. Il était également constitué d’individus immigrés, mais significativement plus nombreux à souffrir d’antécédents neurologiques.
Cette thèse conclut à une surreprésentation des troubles cognitifs chez la population SDF, en dépit de ses spécificités sociodémographiques qui rendent difficile l’exploitation des normes standards des tests cognitifs. Elle défend une meilleure prise en charge des troubles cognitifs des individus SDF et plaide en faveur d’une évolution de la neuropsychologie de manière à mieux accompagner les publics dans leur diversité.

Mis à jour le 01 décembre 2023